On
lira d’une manière générale dans ces écritures (pour me faciliter la frappe) :
V
« pour tout »,
E « il existe »,
L « non »,
LV
« ce n’est pas tout »,
LE « il n’existe pas »,
F(x) « le prédicat F s’applique à x » .
Prédicats
possibles
Rappel de la présentation
« aristotélicienne » :
VxF(x)
|
Contraires
|
VxLF(x)
|
Subalternes
|
Contradictoires
|
Subalternes
|
ExF(x)
|
Subcontraires
|
ExLF(x)
|
A
VxF(x)
|
VxF(x)
|
Contraires
|
VxLF(x)
|
v
v
f
f
|
f
v
v
v
|
v
f
v
f
|
|
E
VxLF(x)
|
VxF(x)
|
Subalterne
|
ExF(x)
|
v
v
f
f
|
v
f
v
v
|
v
f
v
f
|
|
En diagonale: Les contradictoires qui prennent toujours des
valeurs de vérité opposées comporteraient le f en haut et en bas.
|
VxLF(x)
|
Subalterne
|
ExLF(x)
|
v
v
f
f
|
v
f
v
v
|
v
f
v
f
|
|
I
ExF(x)
|
ExF(x)
|
Subcont
|
ExLF(x)
|
v
v
f
f
|
v
v
v
f
|
v
f
v
f
|
|
O
ExLF(x)
|
Si
on alterne les positions selon ma méthode paranoïaque critique, en
plaçant en opposition diamétrale les mêmes quantificateurs et non plus
sur la même ligne, on obtient une forme de symétrie différente avec
cette fois-ci, non plus un double pliage en diagonale comme chez
Aristote, ce qui forçait l'admiration logique sans aboutir à expliciter
les phénomènes subjectifs, mais une sorte d'axe de symétrie vertical
qui pourrait illustrer la flèche du temps et l'orientation d'une
subjectivité, du fait de la bipartition de l'espace d'écriture logique
en deux volets qui peuvent exprimer non pas le passage "avant-après" où
l'on ne pourrait pas préjuger des pôles à affecter à chaque
valeur, mais au contraire "présence-éternité" la présence se
situant du côté de la négation, et l'éternité du côté de l'affirmation,
ce qui tombe d'accord avec la vision des espaces logiques engagée par
la réflexion conduite ici sur les psychopathologies :
O
ExLF(x)
|
ExLF(x)
|
Contradict
|
VxF(x)
|
v
v
f
f
|
f
v
v
f
|
v
f
v
f
|
|
A
VxF(x)
|
ExLF(x)
|
<Subalterne
|
VxLF(x)
|
v
v
f
f
|
v
v
f
v
|
v
f
v
f
|
|
En diagonale: Les contraires ne peuvent être vrais
ensembles. f en haut. Les subcontraires ne peuvent être faux
ensembles. f en bas. Les diagonales perdent leur symétrie.
|
VxF(x)
|
Subalterne >
|
ExF(x)
|
v
v
f
f
|
v
f
v
v
|
v
f
v
f
|
|
E
VxLF(x)
|
VxLF(x)
|
Contradict
|
ExF(x)
|
v
v
f
f
|
f
v
v
f
|
v
f
v
f
|
|
I
ExF(x)
|
Ces deux vision d'un schéma de la logique des prédicats sont aussi autorisées l'une que l'autre "transcendantalement
et aboutissent à des visions du monde différentes et peut-être complémentaires.
Celle d'Aristote-Apulée permet de chosifier dans un temps logique ponctuel des conditions immédiatement pertinentes.
Celle que je formule en "opposition"
(et on m'excusera du peu, mais au fond, c'est la vision logique qu'ont
exploité toutes les logiques subjectives des XIXième et XXième siecles
avec Blanché, Prior, Piaget, Geimas, et même Lacan puisque c'est son écriture du "rapport sexuel" que j'interroge ici)
est certainement plus propre à rendre compte de ce qu'on peut concevoir comme "logique subjective",
qui donc intègre bien plus évidement que la première, la consistance ou la réalité du temps.
Une
question entre autres posée par ce montage est celle de l’équivalence logique
entre :
VxF(x)
et L[ExLF(x)]
Ainsi
que
VxLF(x)
et L[ExF(x)]
Ainsi
que
ExLF(x)
et L[VxF(x)]
Ainsi
que
ExF(x)]
et L[VxLF(x)]
Ce
montage admet sur l’ensemble des prédicats la double négation LL comme valant
affirmation :
VxF(x) équivalant à LL[VxF(x)]
VxLF(x) équivalant à
LL[VxLF(x)]
ExF(x)] équivalant à LL[ExF(x)]
ExLF(x) équivalant à LL[ExLF(x)]
Cela
s’entend bien-sûr comme une évidence première dans un type de discours du
style :
« Tout homme est libre si et seulement si il n’existe
pas au moins un seul homme non libre. »
Ainsi
que
« Tout homme est non libre si et seulement si il
n’existe pas au moins un seul homme libre. »
Il
va de soi que cette logique ne changerait pas du tout de sens
si on remplaçait
la clause « au moins un seul » par « un et un seul ».
Par
contre la négation se pose différemment si on la fait porter non plus sur le
prédicat en tant que tel
« il existe un homme
non libre »
mais sur la
proposition constituée par le prédicat en tant que telle
« il n’existe
pas un homme libre » :
le sens en est différent.
Autrement
dit
ExLF(x) n’est pas équivalent à LExF(x)
De
même « Tout homme est non libre »
n’est pas du tout équivalent à
« Ce n’est pas tout
homme qui est libre ».
Autrement
dit
VxLF(x) n’est pas équivalent à LVxF(x)
Si
par contre on applique sur les deux versants de ces formules «grammaticales»,
la double négation,
on n’arrive à des formules qui redeviennent
équivalentes :
« Il n’existe pas un homme non libre » a le sens de
« Il n’est pas vrai ou possible ou concevable ou pensable qu’il n’existe pas un homme
libre ».
Autrement
dit
LExLF(x)
est équivalent à LLExF(x) mais pas à ExLLF(x)
(« Il
existe un homme non privé de liberté »)
qui vaut par contre ExF(x)
(« Il existe un homme libre »)
Par
ailleurs « grammaticalement » on entend bien que
« Ce n’est pas tout homme qui est non libre »
a le sens de
« Tout homme n’est pas
privé de liberté ».
Autrement
dit
LVxLF(x)
est équivalent à VxLLF(x) mais pas à LLVxF(x)
(« Il
n’est pas possible… que ce ne soit
pas tout homme qui est libre »)
qui vaut par contre VxF(x)
(« Tout homme est libre »)
Tous
ces raisonnements sont mis en œuvre ici par « induction » …..
(On remarquera que plutôt
que la « blanchitude » qui m’a semblé renvoyer à des catégories de
l’esprit qui ne sont pas les plus généreuses, j’ai choisi la liberté, sujet qui
ne fascinait ni Aristote ni Platon, pour explorer ces empêchements de l’esprit
qui font parfois même esprit d’empêchement, et qui ont tout intérêt à être
abordés sous l’angle d’une pensée critique, plutôt que d’une dogmatique de la
possibilité d’un discours universel.)
Voilà
qui porte à penser que la double négation ne s’applique pas de la même façon
selon l'usage qui est fait du quantificateur ?
Cette
hypothèse obtenue par induction peut aussi illustrer sinon expliquer le théorème de
Tarski portant sur la possibilité d’utilisation des deux quantificateurs
appliqués dans une formule à deux variables.
Voilà
en tout cas qui pose la question de la rigueur et de la validité universelle de
la grande logique aristotélicienne.
C’est
peut-être cette indétermination première qui avait donné à Lacan l’idée de
faire porter la négation sur le quantificateur lui-même dans ce qu’il appelé
son « schéma de la sexuation ».
C’est
en tout cas à partir de ces difficultés que les penseurs mathématiciens du
XIXème siècle et du vingtième ont proposé leurs « logique modale » et
leur « logique intuitionniste ».
J’ai
donc pour ma part repris mais dans un tout autre dispositif « psycho- logique »
de ce montage, les sens respectifs de la négation dans le prédicat et de la
négation du prédicat entier en tant que proposition.
On
voit donc qu’il y a deux types de négations non réductibles l’une à l’autre qui
vont nous confronter à deux types de logiques :
La
logique des prédicats qui accepte la double négation et où non-non-p est
équivalent à p, si la négation est interne au prédicat. Et la logique des
propositions où non-non-p est incomparable à p si p est une proposition
impliquée dans un discours, fut-il « logique »,
« rationnel », portant sur des champs d’objets ouverts ou fermés.
Deux
exemples :
Triple
négation :
« Je
ne suis pas venu pour abolir l’ancienne loi. »
Triple
affirmation :
« Je
suis celui qui est. »