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Temps de rôle et temps de parole. |
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« Les
fonctions sociales sont des fictions sociales » J’abuse
de cette citation de Bourdieu qui me laisse toujours sur le même sentiment de
joie fétichiste. Les
rôles sociaux que les systèmes sociaux répartissent selon des règles tacites
mais simples, qui sont les règles de la représentation dans les oligarchies
parlementaires, partagent dans le champ social avec la même autorité les temps
de parole et les temps d’écoute, selon les exigences d’un organigramme
hiérarchique, donnant à la parole une base large et une direction ascendante
pour l’écoute, et une position de compétence pointue et une direction
descendante pour l’énonciation. On imagine sans difficultés le rôle de l’église
dans cette disposition. Elle n’était pas contenue dans les commandements du
christ (qui ne manquait pourtant pas d’autorité!). Aujourd’hui
plus qu’hier et bien moins que demain,
je ressens un besoin atavique de dénoncer cette profonde injustice ou
asymétrie symptomatique du rapport des classes de parole, tout autant que de la
structure du rapport des « tempéraments » et des
« caractères », et de la façon dont ces substances de l’être humain
« moderne » s’accommodent avec la « personnalité »,
substance tout aussi métaphysique que sont devenues les deux précédentes avec
les renoncements (ou les interdits adressés) au matérialisme. J’ai
rédigé pour l’UPAvignon un résumé de ma vision historique, psychiatrique,
psychanalytique, et en un mot psychologique de ces rapports. Cette obsession me
conduit à la formulation « diagrammatique » (pour reprendre le terme
de Guattari) d’une relation du rapport des substances psychiques citées
ci-dessus avec les rapports de classe
dans le jeu social des nombres et des quantités d’individus qu’on appelle la
politique. Je
sais que certains (et peut-être même beaucoup), s’attachent à distinguer
« le social du politique », en conditionnant le premier à la
considération du nombre et en restreignant le second à l’exercice du pouvoir. J’avais
moi-même tenté de le faire dans mes écrits de 2002 : « Donc trois plans de refoulement
interchangeables, c’est à dire qui ne sont pas des
" niveaux ", mais qui renvoient systématiquement les uns
aux autres sans créer de phénomène de feuilletage ou de sédimentation, trois
qui ensemble, peuvent fonctionner à la fois comme moteurs du refoulement et
comme plan d’inscription des éléments refoulés : Voir le
site http://melchisedek.free.fr/amphibologie/ à la rubrique
« résumés » chapitre « hypothèse ». Au bout du compte je me demande si cette
coquetterie intellectuelle ne risque pas de coûter cher à la conscience
critique, qui se voit ainsi démunie de toute possibilité de penser la confusion
réelle qui lie ces termes en une sorte de plan tri séquent bien difficile à
penser topologiquement. Précisément
la question me semble tourner autour du concept imaginaire de l’espace
géométrique : Comment peut-on « imaginer » l’espace? Comment
« un sujet » peut-il « s’imaginer »
l’ « espace » dans lequel il « s’imagine » cet
« espace »? Cette sorte de redondance qui va de l’espace à l’image et
de l’image à l’espace, temps de répétition d’une même préoccupation redondante
qui est celle du « sujet », nous indique quelque chose de cet
empêchement qu’il y aurait a concevoir trois dimensions de l’espace, pour
quiconque voudrait donner du sens aux choses qui lui « tombent »
dessus, c’est-à-dire qui lui arrivent. L’heccéité de l’évènement pour reprendre
le vocabulaire de Deleuze, ce qui « arrive » à un sujet sous le regard
d’un « Autre » sujet. Et cet arrivage lui-même est une chute, une
« sub-jection ». La subjectivité est toujours le résultat d’un
évènement, c’est-à-dire d’un « phénomène temporel », ce qui est
un pléonasme. Faut-il
chercher à « nouer » des ordres inconciliables ou à
« dénouer » la mixité tierce et la contingence de l’évènement (au
travers d’un projet psychanalytique par exemple), ou se garder de prêter à cet
« imaginaire » des vertus pour « s’orienter dans le
monde »? Faut-il à tout prix « savoir où on en est » si ce
savoir lui-même doit se payer d’une méthode hasardeuse et
« coûteuse », qui est celle de la répétition de la forme à chaque
étage de cette curieuse habitation? Faut-il être au-dessus des choses? Voilà
des questions tout à fait métaphysiques qui sont mises en mouvement par toutes
les visions ternaires (voir laguioles et couteaux suisses) du monde et de
l’univers : peut-on se produire une
subjectivité avec le moteur à trois temps de la métaphysique RSI de Lacan
(quelque fût le mépris de Lacan à l’endroit de la métaphysique en tant que
telle? Faut-il en rajouter ou revenir au biface de la «lamelle» d’être, qui
empêche toute « déterritorialisation » au prix d’un abandon de la
réalité, du plancher des vaches? Ces
évocations sont difficiles. D’aucun (ou d’aucune) les diront fumeuses. Il
faut sacrifier. Même les plus cyniques sacrifient. Sauf peut-être les
sceptiques, qui sacrifient le plaisir de la croyance. Le temps de parole est un
temps sacré. La parole « collective » est sacrifiée sur l’autel de la
collectivité. Les temps de débat, de colloque, de discussion sont des temps
d’hystérie collective. Nous
avons tout à gagner à ritualiser ces temps, mais pas sur le mode universitaire
sélectif, au service du signifiant confiant et planqué, plutôt sur le mode du
rite contemplatif, mi-schizo-mi-évitant (éloge de la fuite),
mi-dépendant-mi-détaché (voir ici mon « tableau des intempérances »). Le
temps de parole en société est un temps consacré, religieux, créateur de valeur
et créateur de magie, même lorsqu’il s’agit des formes les plus achevées de la
raison. Il a donc ses prêtres, ses bedeaux, ses bonnes sœurs, ses gourous et
ses chamans, ses paroissiens, ses victimes expiatoires, ses processions, sa
confession freudienne, ses envoûtements et ses transes, son effet de travail
sur la croyance (opinion), … On
peut donc « lire » sur le tableau des psychopathologies les penchants
et les caractères que prennent tout aussi bien les collectifs de parole
lorsqu’il entre en « fusion » pour reprendre le mot de Sartre. Quoiqu’il
en soit, il y a des formes consacrées et liturgiques qui ont pour tropisme de
revenir toujours à la même place - Il y a la
forte personnalité du parano de service qui impose une direction au groupe, son
idée force, son absolue certitude, même si elle est nuancée des plus aimables
formules de politesse et de tolérance. - Il y a ses
« pervers de lisière qui soutiennent le chef dont ils savent qu’ils
obtiendront tous les bénéfices et à moindre coût sans avoir à risquer leur peau
dans l’opération totale, ce qui leur permet de défouler sur tous les autres à
volonté, leurs pulsions sadiques sans craindre aucune rétorsion. - Il y a les
chantres mythomanes romantiques qui savent organiser en récit la geste du
héraut qu’ils soutiennent sous condition tacite des mêmes avantages. Mais leur
perversion n’est que celle d’écrire (ou de dire) le roman du groupe. - Il y a les
hystériques, le cœur des vierges qui se pâment devant la grandeur des
sentiments qui président à l’opération magistrale et collective de la
représentation dominante. Elles (ou ils) favorisent tous les modes de la mise
en scène et de la représentation des sentiments (je ne dis pas de
l’expression). - Il y a les
jouisseurs matérialistes plus ou moins cyniques et plus ou moins lâches qui
assurent le ravitaillement en thèmes et en sujets, ne sont jamais en manque de
questions de circonstance et du sentiment de la nécessité de l’objet et du
traitement de l’objet, quel qu’il soit. Mais ils s’en foutent. - Il y a les
baroques maniérés qui mettent l’ambiance en apportant toujours un peu à contre
temps, un ton un peu décalé au discours en cours, réalisant ainsi la légère
dissonance harmonique qui fait le bon tempérament du clavier. - Il y a les
schizos ou le schizo qui parle peu mais à bon escient et dont la relative
discrétion oriente la totalité sens parce qu’elle en indique le fond, le début
ou la fin, en les confondant, en les rejoignant. Les premiers seront les
derniers. - Il y a là
aussi autour de lui des pervers de lisières, heureux de pouvoir se vautrer dans
le malheur qui fait entendre à tous la vérité des vérités, mais sans risquer
d’y perdre plus que ce que leur jouissance masochique met en péril,
c’est-à-dire tout, mais au bénéfice de quel délice! - Il y a les
contemplatifs. C’est ceux que je préfère. Leur seul défaut, c’est de ne pas
beaucoup contribuer au débat. Leur garantie, c’est qu’ils n’agressent jamais
personne et ne sont jamais nuisibles (pas facilement bénéfiques non plus). - Il y a les
officiants, les prêtres, les maquerelles, les organisateurs du sens peu diserts
sur les contenus, les détenteurs du savoir des pratiques et du savoir sur les
pratiques, jeunes ou vieux, l’expérience n’a est pas un rôle plus déterminant
sur cette position que sur les autres. Ce sont en principe les maîtres et les
détenteurs du « rite » mais ils peuvent aussi bien en être les
objets. - Il y a au
registre de l’obsession, les moines réguliers et serviles, les obsessionnels
scholastiques, les universitaires consciencieux et autres fonctionnaires
appliqués qui s’occupent de recouvrir d’un voile de rigueur le conflit des
facultés ou des chapelles. - Il y a les
idéologues idéalistes plus ou moins rigides (actuellement les écolos par
exemple) ou plus ou moins interprétants (comme moi peut-être?) qui assurent
parce qu’ils y croient, la garantie de bonne formule et de bien fondé argumenté
du système dans lequel ils décident que tous vivent et fonctionnent. - Et nous
sommes revenus au point de départ. J’ai suivi dans le sens des aiguilles d’une
montre, le cadre du clavier des intempérances que je rappelle ici
avec
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