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Temps de parole dans les débats.

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Il n’y a pas de temps vécu sans que l’outil de langage ai « permis » un  « travail » du penseur vivant :
La langue est l’outil par lequel le temps opère sur l’être qui parle (et qui écrit) :
Ses effets de sens produisent le travail d’adaptation, et ses effets de non-sens expriment la liberté du « sujet » ; 
au niveau de la pensée, une idée ne prend pas de temps, elle en laisse.

Le temps « libre » ne peut être temps de liberté que dans l’espace du débat, du libre échange intellectuel et affectif, psychologique et politique (qui peut éventuellement traiter des inconvénients et des avantages du libre échange des biens et des services).

 

ous avons du mal à distinguer la fonction « émancipante » de notre parole au regard de la nécessité de production adaptative langagière et communicationnelle. La première nous permet de sortir du temps contraint du marché des valeurs symboliques et affectives, pour le commenter, au risque du lapsus,  et la seconde nous enjoint de battre la mesure platonicienne de la musique que produit l’opinion collective lorsqu’elle est mithridatisée par les règlements militaires du bien commun pensé par les maîtres du jeu ou les philosophes auto cooptés de l’oligarchie dominante.

Mais notre « temps de parole » dans l’espace (ou dans le plan) de l’échange symbolique et affectif nous permet de sublimer cette contrainte en liberté, dans les rares espaces où le débat et l’esprit de débat garanti les conditions de la liberté des acteurs. C’est bien là  le sens « central » mais aussi bien « périphérique » ou « marginal »,  de l’idée de démocratie.

 

e temps de parole que les acteurs du débat public consacrent ou concèdent aux acteurs du débat public n’est mesurable que dans un référent juridique ou dans une constitution vraiment « démocratique ». Or il est évident que même riches de leurs origines helléniques, les pseudo-démocraties «libérales» n’ont rien en leurs fondements juridiques et constitutionnels qui permette le moindre espace et la moindre reconnaissance «nationale»  du libre débat, même si ces institutions font des efforts pathétiques pour représenter la poule aux œufs d’or que constitue le débat électoralement conditionné comme ayant toutes les vertus du débat citoyen traitant authentiquement de l’opinion pondérée des acteurs sur les décision politiques à prendre en chaque sujet de politique, aussi bien territoriale que constitutionnel.

Le temps de parole dans l’espace du débat, qu’il soit effectif et libre, ce qui reste toujours une « pathologie » de l’organisation représentative et électorale, ou qu’il soit théâtralisé à des fins de propagande partisanes comme c’est le cas partout sur les médias et dans le monde journalistique, donne de toute façon lieu à des répartitions qui tiennent compte, outre des intérêts des plus influents groupes de pression, de la structure psychopathologique des acteurs choisis par « les circonstances » du débat, avec en général la bénédiction des institutions légitimes de l’organisation, et surtout de la « représentation » des débats (télé, radio, presse, enseignement, labos, …). Il est à noter que ces institutions ne sont jamais légitimées à le faire par la constitution qui se garde bien d’encadrer trop visiblement les conditions de cette substance si précieuse qui « fait l’opinion » en même temps qu’elle l’ « exprime ».

 

l y a un parallèle à faire entre le temps de jeu et le « hors jeu », le sujet et le « hors sujet », la théorie des jeux et la théorie de l’acteur rationnel, les théories de l’intérêt, bien ou mal compris, et la conception politique du débat et du rôle du débat en politique. Et on peut penser que la même structure qui préside aux rapports psychologiques des acteurs en fonction de leurs « tempéraments » et de leurs « personnalités », préside aussi à l’organisation du débat convenue d’en haut et convenue d’en bas, qui a en charge de faire que la République soit représentée comme « démocratique ».

Temps de reconnaissance et temps concédé pour une jouissance ineffable, le « temps de parole » des acteurs politiques mais aussi bien des acteurs du monde « psychologique », c’est-à-dire des acteurs sociaux, fait à la fois l’objet de toutes les convoitises et de toutes les phobies. La « gestion » du temps de parole qui est aussi malheureusement le temps de la représentation, fait l’objet d’un partage que les structures collectives de représentation que sont les médias et institutions de la République organisent avec la plus grande attention. L’usage médiatique qui consiste à « donner la parole » au naïf du coin quand ce n’est pas au « simplet » de service, en tant qu’il « représente l’opinion pondérée » des électeurs, participe de cette innocence efficace des élites qui savent faire jouer sur la même scène,  la pièce ordinaire où les électeurs ordinaires ont le plaisir de se reconnaître et de se retrouver, garantissant ainsi toutes les puissances de représentation de la propagande électorale populiste, et  la pièce d’avant-garde où les acteurs savent laisser planer un savant doute sur la confusion réellement feinte ou fictivement réalisée entre la problématique représentée et la problématique vécue, assurant ainsi la critique la plus fine du talent le plus incontestable au service de la démagogie la plus efficace.

 

oute cette maîtrise du débat par et au service de l’oligarchie libérale en général non libertaire et sachant flatter l’opinion en lui renvoyant le sentiment vécu de sa « liberté d’expression »,  pose le problème de la structure d’organisation du domaine et des sujets convenus par ceux qui représentent le plus grand nombre comme «  d’intérêt commun », et interrogent en terme de « personnalités » la disposition des places dans cet espace magique qui véhicule par la force invisible de l’ « adhésion », le sentiment partagé de participer et de collaborer au débat « national » ou « Républicain »,  de la part de prolétaires symboliques et affectifs semblables à moi  qui ont parlé en général en une seule fois sur une durée moyenne de moins de trente secondes dans des conditions de libre arbitre qui confinent à celle du goulag avec le froid et les neuroleptiques.

En quoi cette structure peut-elle faire l’objet d’une considération systématique de notre part si ce n’est d’une étude « objective »? « La logique n’a point à établir une théorie de l’expérience » disait Piaget. Pour lui « l’épistémologie suppose résolu le problème logique, mais la réciproque n’est pas vraie ». Mais voilà, s’agit-il dans ces positions d’opinion de logique des relations et des classes sociales, ou d’épistémologie des faits de société ?

J’ai voulu ici par la mise en relation de formes
qui semblent peu contestable à l’étage psychologique et peu contestables à l’étage collectif, interroger davantage
les structures pré expérientielles de l’occident capitalistique
(dont je ne conteste pas la nécessité dans l’état actuel des choses),
et la fonction ou comme aurait dit Piaget  les « possibilités opératoires » des acteurs individuels ou collectifs
par rapport aux grandes idées psychologiques et politiques à mon sens heureusement confondues,
qui maintiennent en place et en (dés)équilibre la structure du rapport des classes sociales
tout autant que la structure du rapport des individus.

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