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Textes Psychologiques

Qu'on peut se demander comment il faut penser la perversion.

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La perversion est-elle une vilenie?
Y-a-t-il des perversions douces?
La perversion, c’est de ne pas mettre de degrés dans les actes.
Et pourtant, il y a des degrés dans la perversion.

La question posée à l’expert psychiatre a toujours été la même :
Le « prévenu » est-il « responsable »?
Est-il « accessible » à la sanction ou à la peine?
Accessoirement et-il « interrogeable »?
Et c’est toute la question de la pathologie psychiatrique chronique.

Le statu de la perversion constitue la pierre d’achoppement de peut-être la plus grosse partie de la pensée de l’occident positif :
Qu’est-elle?
Qui peut en poser le « diagnostic » ou le « verdict »?

On voit là que nous sommes dans la sphère kantienne du jugement que Nietzsche abhorrait tant, mais qui ne cesse de poser des problèmes de définition de civilisation à la civilisation.
Et surtout quelle est l’attitude de la « République » ou de la « Nation » devant ce phénomène, si courant, si permanent, si « anomique », si banal?

Que faut-il faire des pervers et que faut-il faire aux pervers?
Faut-il les torturer?
Ou les incarcérer?
Quelle différence?
Les élire?
Les sanctifier?
Quelle différence?

ne première personne du pluriel eût peut-être été plus honnête de ma part à cet endroit mais le suis-je bien et veux-je bien l’être? Le vouloir être honnête ou du moins faire signe que c'est le cas n’est-il pas la pire des perversions intellectuelle du régime humaniste romantique de l’Europe des lumières?  Précisons ici que la troisième personne que j’emploie ne vise pas à m’exonérer  intellectuellement plus qu’un autre de la tare désignée sous le concept de perversion dont je suis conscient de participer bien autant que le commun des mortels, mais disons que pour la lisibilité et pour mon confort d’écriture subjective je la joue dans ce montage comme il en est du politique moyen : j’apparais en habit de lumière.

a part sociétale du pouvoir a toujours été en panne avec ce concept depuis qu’il existe (il est apparu bien avant ceux des psychopathologies, et avec le sens de désigner un état chronique et attaché à la personne). En panne parce que consciente que l’exercice du pouvoir nécessite presqu’inéluctablement la mise en œuvre d’un certain nombre de procédures à l’évidence perverses, quand ce n’est pas l’exercice lui-même du pouvoir qui réalise les conditions absolues requises par le concept.
La passion générale voyeuriste pour les sérial-killers nous montre toute la dimension d’intérêt anthropologique que l’occident capitalistique génère pour ses « pervers » définitionnels. Par « définitionnels » j’entends « qui lui permettent à lui-même, (l’occident) de se donner ses propres définitions ». L’occident positif est la structure qui sanctionne les pervers qu’elle fabrique.
Alors on peut bien se creuser la tête à coup d’expertises et de contre-expertises, pour préciser la responsabilité totale, partielle ou atténuée, en fonction du degré de psychose sous-jacent, des mécanismes de défense en jeu, de la désintrication de pulsions, du clivage des imagos, du déni du sexe de la femme, de la forclusion du nom du père et de l’identification à la boulangère.
D’une façon générale il me semble qu’il est embêtant que figurent des concepts psychanalytiques dans les expertises psychiatriques, et ce d’autant plus que l’on s’approche davantage des assises, c'est-à-dire qu’on s’approche de la « grande perversion ».
Pourquoi?

eut-être parce que la psychanalyse est apparue sur le terreau de la psychiatrie médico-légale et de l’aliénisme policier. Et qu’au fond on perçoit bien entre ces deux espaces du pouvoir, une collusion qui rappelle la collusion politique des pouvoirs dans les régimes totalitaires. L’éthique de la psychanalyse a toujours voulue se représenter comme une pratique de l’émancipation et celle de la psychiatrie réactionnaire comme une pratique de l’adaptation.
Or quoi de plus émancipé qu’un pervers?
Ils font aussi de gros efforts d’adaptation. La plupart du temps…
La perversion doit-elle être diagnostiquée avant ou après ses actes?
Et si c’est avant, par qui, en dehors de Sarko?
Le concept de perversion nous laisse assez rêveurs si on regarde par exemple l’évolution du DSM 5, dont il est éradiqué : la perversion n’est pas une maladie. La question est tranchée. Elle n’appelle donc pas de soins. Chacun chez soi et Dieu reconnaîtra les siens.

uand donc apparait la pathologie psychiatrique chronique?
A en croire l’histoire antique des « tempéraments », un « observateur avisé » pourrait la situer dans l’antiquité. Mais quel est le sens d’un tel concept dans un monde où le moindre esclave peut satisfaire légalement et réellement les fantasmes les plus distordus du premier citoyen venu?
Pour que le montage pervers puisse rayonner de toute sa puissance ne fallait-il pas que quelqu’un d’important se sacrifie tout ou partie pour tous les autres dans une mise en scène qui deviendrait un model du genre. Abraham, Isaac, Jésus, ou autre.
On peut penser que le concept de perversion réalise une sorte d’image d’Épinal ou de reprise en privé des monothéismes.
Celui qui ne sacrifie pas au bon endroit.
Celui qui se fait sa religion pour lui tout seul (ou pour sa petite bande).

u’est-ce qui pousse le pervers à « répéter » (le mot est lâché) son scénario macabre ou ridicule, lui qui n’est en panne ni au regard du symbolique, malin comme un singe, ni sous le coup de l’imaginaire toujours plein de ressources, mais quoiqu’il en soit, intéressé au premier chef au réel comme tel, si on peut dire les choses comme ça : « La chose » : « Das ding ».
Alors que faire avec ce concept ou plutôt cette limite du concept d’être.
L’être pervers est l’être qui fini ou qui commence d’être. Il est au bord de la vie, au bord du sens, au bord de la pensée.
Il est celui qui nous pose la question de l’utilité, de la vérité, du bon sens, dans des termes qui sont toujours troublants. Il met en question sans questionner. Il met à la question.
Il y a un rapport assez permanent à la guerre, la torture, la « perversion », et la vérité.
C’est peut-être là que la vérité prend toute son épaisseur en tant que concept.
La vérité est ce qui s’arrache par la violence.
Et ce qui coûte toujours un peu de santé, un peu de vie, quand ce n’est pas la vie toute entière.
Au fond d’ailleurs à notre étage de l’occident positif confortable, ce n’est pas tellement que faire du pervers, mais que faire de son concept?
Que faire de ce concept de perversion et que faire de tout cet arsenal psychopathologique que nous lègue sans générosité la tradition psychiatrique et psychanalytique?

es pervers sont-ils plus pervers que les institutions qui les jugent?
Pour prendre un exemple, je dirai, le petit exhibitionniste de quartier est-il plus pervers que le prétoire de bourgeois voyeuristes en manches de toges qui lui font raconter son histoire?
Existe-t-il une perversion d’institution, une perversion collective?
N’importe quel petit politique ayant vécu la moindre expérience de l’institution politique sait très bien que l’institution est en son départ un lieu de prostitution sacrée. Un lieu où tout est sacrifié à l’institution. Comment à partir de là se jouer la grande scène du trois des sentiments humain, de la liberté, de la citoyenneté, de la raison et de la sagesse?

Et pourtant on n’arrête pas de nous la faire tous les jours que le bon dieu fait.
Le pervers c’est l’autre. Le méchant. Nous, on veut le bonheur de tous.
Peut-on être pervers et démocrate? Non.
Y-a-t-il des démocrates pervers? Ca se trouve.
Y-a-t-il des monarchistes non pervers? Pourquoi pas?
La perversion n’est pas une affaire de structure. C’est là que consiste le génie de Bergeret.
« ASTRUCTURATION » Oui, je souscris à cette vision théorique non naïve.

ais au fond, une fois posé un tel élément, la perversion constitue aussi une limite au concept lui-même. En tout cas au concept psy. Le pervers est celui qui se situe à la limite de l’humanité. N’y aurait-il pas là un intérêt particulier, unes vibration, une économie particulière de la jouissance, un « point de fuite apposé au système de la raison et du jugement»? Le pervers s’il existe ne prétend ni à la raison ni au jugement. C’est bien en quoi il est troublant. Comment donc penser un tel être? Et comment donc penser avec un  tel être? Et comment donc pense un  tel être? Peut-on enfin se penser être tel? Car le seul point qui ne fait pas problème, c’est qu’il pense, et même qu’il est parfois assez doué à cet exercice.

n point sartrien de mauvaise foi me fait penser à cet endroit que ma propre prétention à penser la perversion est peut-être le signe d’une perversion franche et sincère de la pensée. Au fond peut-être que la perversion ne peut se penser que sur un mode pervers. On ne peut échanger avec le dispositif pervers qu’une jouissance partagée et réciproque. Encore un effort pour être républicain. C’est gênant pour le sentiment petit bourgeois de l’honnête homme, mais c’est assez logique du point de vue de la réalité.
Faut-il choisir un camp entre ces deux positions?
La nécessité de choisir un camp me paraît assez colorée d’économie perverse.
Sachant très bien que cela n’empêche pas de déroger.
C’est la différence avec la psychose.
La perversion pose problème comme concept en psychiatrie, et d’ailleurs nous en portons, nous autres psychiatres, devant les institutions de la République bananière la responsabilité.

ais la perversion pose problème comme concept aussi dans la vie de tous les jours puisque son concept fait à la fois les choux gras de toutes les considérations morales (qui ne vont pas decrescendo), et le scandale et l’innommable du politiquement correct. Mais le cognitivisme régnant a su en faire une réalité tendanciellement sans concept, ce qui constitue un coup de force de la part d’une institution intellectuelle mondiale et identifiée au marché de la valeur la plus universelle:
l’argent.
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