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Textes Psychologiques

Pourquoi il faut définitivement (et durablement) renoncer à l'écologie politique.

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Tout comme je suis foncièrement opposé à toute idée de parti et à tout vote représentatif,
je suis et on le comprendra, plus viscéralement opposé encore à toute représentation dans le sens de l’écologie,
pensant sincèrement et inéluctablement la représentation comme la mère et la pire des pollutions de l’atmosphère politique.
J’ai eu la faiblesse je le confesse de soutenir la liste écologiste aux dernières municipales en Avignon.
C’est d’ailleurs cette expérience qui m’a servi de révélateur dans le sens de la prise de conscience de la puissance d’aliénation
de tout parti quelle que soit ses bons sentiments
(ils n’en ont d’ailleurs tous que des bons).

Mais au-delà de la question électorale que je traite ici par ailleurs,
c’est l’argument écologique en soi (et pour soi) que je voudrai aborder ici :
L’écologie a-t-elle besoin de parti ou de parti pris?
A-t-elle besoin d’être défendue comme morale ou comme idéal?
Faut-il se prévaloir de l’écologie comme l’église s’est prévalue des biens du salut?
Peut-on imaginer un avenir du monde sans l’écologie?
Y-a-t-il une différence aujourd’hui entre morale et écologie?
Êtes-vous immoral ou amoral si vous ne soutenez pas l’écologie?
Peut-on s’autoriser au nom de quelque idéal que ce soit (fût-il libéral!) à détériorer le grenier de la planète et son contenu?

ême les anarchistes et les libertaires sont maintenant favorables au programme électoral de l’écologie!
L’écologie a besoin de nous? Certes. Et la morale?
Au fond pour être tout à fait « honnête » il faudrait toujours coupler les deux mots « écologie morale ».
Car l’écologie est avant la forme moderne et protestante de la morale judéo-chrétienne adaptée aux conditions de la mondialisation.« Mondialisation », l’expression est en train de passer de mode, et de monde. C’est dommage. Elle disait bien ce qu’elle voulait dire. Le monde rapetisse tendanciellement et à vue d’œil.
C’est l’homme qui enfle.
C’est le résultat catastrophique de l’humanisme : L’homme s’est regardé dans un miroir si grossissant qu’il fini par attraper le vertige et réaliser, mieux vaut tard que jamais, sa finitude, et sa fin prochaine, bien que dernière.
Est-il sympathique (l’homme) ?
Voilà une question écologique!

e ne sais pas pourquoi, mais ce propos me fait penser au monologue de la vérité sur son pupitre dans les écrits de Lacan.
« Je suis donc pour vous l’énigme de celle qui se dérobe aussitôt qu’apparue, hommes qui tant vous entendez à me dissimuler sous les oripeaux de vos convenances. Je n’en admets pas moins que votre embarras soit sincère, car quand même vous vous faites mes hérauts, vous ne valez pas plus à porter mes couleurs que ces habits qui sont les vôtres, et pareils à vous-mêmes, fantômes que vous êtes. Où vais-je donc passer en vous? Où étais-je donc avant ce passage? Peut-être un jour vous le dirais-je? Mais pour que vous me trouviez où je suis, je vais vous apprendre à quel signe me reconnaître; Hommes, écoutez, je vous en donne le secret. Moi, la vérité, je parle. » (Lacan, Écrits, Seuil, 1966, P. 408)
Alors pourquoi donc cette référence à Lacan?
Peut-être parce que l’ « homme », pour autant qu’il existe, se narcissise tendanciellement dans le miroir de ses vérités qui sont de plus en plus incompatibles avec la réalité, avec la science, avec la planète, si petite chose, et qu’il demande effectivement toujours plus de reconnaissance à ce miroir, qu’il piétine ce miroir, le brise pour se voir plusieurs fois, se roule sur ses tessons pour gouter le sang de son importance, et constitue des ONG, des associations humanitaires, des instituions internationales, des partis écologique, des églises néolibérales, à la gloire de la sainte écologie qui doit lui garantir l’immortalité et l’amour des parents.
Quelle infantilisme, quelle immaturité, quelle niaiserie!

on je ne soutiens plus aucune organisation écologique, fût-elle garantie par la pulsion révolutionnaire vieillie et parlementarisée d’un soixanthuitard franco-allemand bien conservé, mais totalement libéralisé.
Je me borne, comme beaucoup d’autres, à remettre en question dans mon quotidien et dans ma vie, les déplacements, les voyages, le tourisme sous toutes ses formes, les consommations idiotes d’énergie, et d’une manière générale, la consommation, l’alimentation industrielle toxique, mais c’est difficile, surtout lorsqu’on est un enfant des trente glorieuses.
Au fond dans la problématique écologique, il y a ce problème beaucoup plus difficile à traiter de « l’industrie ». On condamne d’autant plus facilement le capitalisme qu’on oublie plus facilement le long cheminement de tradition et de progression techniques. Veut-on vraiment revenir à l’âge de pierre?
On réclame le partage de la production industrielle commune comme on réclame le partage équitable des biens mis à disposition par la nature. Et pour obtenir ces images de la justice, tous les moyens sont bons :
L’écologie est une vision du monde, dont on peut chercher à se prémunir, en votant par exemple. Pour elle.
On ne peut pas penser la question écologique sans penser son corrélat économique et donc politique.

à où l’ « écologie politique » m’écœure le plus, c’est par son évitement prudent de prise de position politique. Bien-sûr, elle sait que sa carte électorale, c’est l’apolitisme des électeurs épuisés de représentation et d’hystérie électorale. Bien sûr qu’on peut s’attendre à une errance électorale vers les espaces d’une politique « apolitique ». C’est tellement plus simple! On aime tellement tout le mode qu’on aime le monde et donc on vote pour lui. Il sera nous en être reconnaissant.
On peut donc suivre le panache blanc de l’hélicoptère de Nicolas Hulot au dessus des volcans qui témoignent de la colère des Dieux depuis ce qu’il reste de la nature. Il nous conduit tout droit avec le soutien de Rhône-Poulenc, à la puissance nietzschéenne du surhomme conscient de ses paradoxes narcissiques, et rongé à l’os par sa bonne et magique volonté de puissance curatrice et restauratrice : il va panser la planète, lui prodiguer les soins médicaux que l’histoire positive n’a su mettre en place, savoir en écouter la pulsation, lui rendre le souffle et la parole, en un mot, la psychanalyser.
Oui, il y a là un bel enthousiasme, mais enfin, comment se fier pour la cure, à ceux dont on sait pertinemment qu’ils sont les responsables de l’aliénation et de la corruption de la petite boule?
La moindre des choses de la part du « libéralisme modéré humaniste » serait de reconnaître le rôle du « libéralisme modéré humaniste » dans les processus de détérioration de la « nature » en Europe et aux États-Unis (car nous n’avons rien à leur envier), comme on perçoit avec une évidence un peu crasseuse le rôle des totalitarisme chinois ou soviétique sur ceux-ci au-delà de l’Oural, ou le rôle délétère de la nature humaine abandonnée à elle-même comme responsable des corruption naturelles et culturelles en Afrique.
Tous les mafieux du monde sont venus au chevet de la planète car elle va mourir.

a mort de l’homme est une vérité en définitive assez peu écologique. Foucault ne l’avait annoncée qu’avec d’infinies précautions comme il savait bien en prendre. Au fond l’avantage dans notre rapport à la mort est toujours garanti par notre ignorance : seule la date fait question, et une question qu’on règle assez bien par un usage fruste ou érudit de la métaphysique. C’est peut-être ça qui est en question avec l’écologie : le métaphysique. Et c’est précisément ce qu’elle ne veut pas faire, l’écologie, comme Lacan, comme la science, comme le libéralisme : Qu’on ne nous encombre surtout pas les neurones avec les miasmes de la vieille métaphysique poussiéreuse des pères de l’église et d’avant les lumières. Nous nous rendons maintenant directement responsables du réel, dans un rapport de parentalisation inversé (on ne parlera pas d’Œdipe) : nous voulons être comme les parents de la planète, ou du moins se comporter avec elle comme des fils prodigues, et prodiges, capable de lui réinsuffler la vie qu’elle nous donné depuis l’idée de notre réussite absolue, en science, en philosophie, et en art bien-sûr : nous sommes tous des petits léonards qui tendent à inverser les rapports d’aliénation avec leur souverain. Talentueux, sages, et savants, pourquoi ne pourrions-nous pas inverser le cours du temps : il suffit de le vouloir.

C’est l’intention qui compte.
Elle sera nous en rendre grâce.
Tâchons seulement… 

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