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Economie subjective depuis Paul Grignon. |
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Le « concept du devoir moral» inspiré (plagié) de Paul Grignon
Jacques Roux
La culture crée la
subjectivité.
La quantité totale d’affects qu’il est
possible de créer n’a qu’une seule limite réelle : la quantité totale des
concepts.
Les bassins culturels imposent un quota de signifiance sur les valeurs
culturelles en imposant des règles de prétendu « bon sens » qui
imposent à l’usage des concepts un minimum de références objectives. Mais ces
obligations sont arbitraires et variables d’un lieu à l’autre et d’un temps à
l’autre.
Ils peuvent même constituer des académies et autres institutions pour garantir
la prétendue « objectivité » des concepts qu’ils promeuvent.
Ces institutions peuvent créer autant de concepts que les « sujet »
sont capables d’en employer.
Des groupes de pression privés et des institutions privées prennent le relai de
cette production et de cet usage, pouvant alors produire plus de 95% des
concepts en circulation.
C’est l’obligation d’existence sociale qui fonde et aliène les sujet dans la
nécessité de « consommer » du concept et donc de constituer une
« dette conceptuelle » (mais aussi on le verra
« affective ») à l’endroit de l’institution dominante qui se trouve
en quelque sorte « naturellement constituée » de groupes privés.
Les valeurs culturelles promues par les gouvernements représentent en général
moins de 5% de l’ensemble des biens symboliques circulants.
C’est en reconnaissant la valeur symbolique des idées et concepts (mais aussi
bien des affects collectifs (voir F. Lordon)) que les «sujets pensants»
reconnaissent une dette structurelle envers les institutions qui ont pour
finalité la reconnaissance des biens culturels.
Les gouvernements soutiennent des lois tacites et parfois écrites qui
favorisent comme vecteur des idées et des affects, la langue nationale. Ils
permettent que les devoirs créés par les instituions privées soient reconnus
dans la langue nationale.
Le droit national fait respecter ce sens commun du devoir sans aucun effort
d’information ni d’auto-critique portant sur le caractère arbitraire de cette
organisation.
Dans le monde « réel », une valeur symbolique (ou affective) implique
que l’institution ou la personne privée qui possède une « idée » ou
un affect, crée cette valeur, mais dans le monde artificiel des académies et de
leurs prolongements industriels privés la simple définition de l’institution
suffit à garantir la valeur symbolique des idées qu’elle veut promouvoir et
qu’elle n’a même pas besoin de produire. Sans la reconnaissance culturelle
manifestée par les sujets, l’institution culturelle n’aurait aucune idée à
produire.
La quantité des concepts produits est illimitée.
Sans la reconnaissance populaire, il n’y aurait pas concepts.
La classe intellectuelle dominante ne crée pas les concepts qui assurent sa
position dominante.
Le seul endroit où les acteurs sociaux peuvent trouver des idées (et des
affects) pour assurer ces garanties culturelles des dominants est constitué par
l’ensemble de la tradition intellectuelle, religieuse, et mythique.
Mais presque toutes ces traditions ont été générées à partir de la
reconnaissance vouée aux institutions dominantes.
L’acteur social prélève ses désirs pour garantir la reconnaissance due aux
institutions culturelles dominantes dans une « réserve globale » de
désirs qui ne contient que les codes traditionnels. Il est impossible pour tout
le monde de restituer les savoirs faire de la tradition et d’y adjoindre les
plus values de codes caractéristiques des idées dominantes qui en fait
n’existent pas en tant qu’idées.
Pour que la société continue à fonctionner, le taux des suicides doit rester
bas.
De plus en plus de nouvelles reconnaissances doivent être consenties aux
instituions représentant l’autorité culturelle pour pouvoir trouver des idées
et maintenir le niveau de désir qui servira à honorer les devoirs et dettes
symboliques précédemment contractées vis-à-vis d’elles. Le devoir total de
reconnaissance de ces institutions qu’on pourrait appeler avec un recul
ironique leur « vertu », augmente ainsi en permanence, ainsi que les
bénéfices qu’elles en retirent.
Quand le nombre et la valeur symbolique des biens culturels dominants augmentent, les idées individuelles et le désir émouvant chaque sujet est réduit d’autant.
Quand l’action
culturelle s’enfle, les idées perdent leur pouvoir spinozien d’affecter. C’est l’ENFLURE.
A moins que le volume de production intellectuelle et d’échanges dans le monde
réel augmente de la même façon pour compenser cette augmentation.
Les gouvernements achètent des valeurs symboliques avec intérêt aux groupes privés de productions de valeurs symboliques. La dette symbolique gouvernementale est une composante majeure du sens moral collectif d’une société, et une énorme partie de notre sentiment de culpabilité va à la reconnaissance de cette autorité symbolique.
***
Q1 : Pourquoi les gouvernements choisissent de déléguer aux institutions culturelles privées (media) leur influence culturelle quand ils pourraient créer eux-mêmes toutes les normes culturelle qui leurs sont nécessaires sans avoir à en payer le prix?
Q2 : Pourquoi créer des concepts à partir du processus reconnaissance institutionnelle, et pas plutôt des concepts qui circulent en permanence et qui ne doivent pas sans cesse être reconnus par l’autorité culturelle pour exister en tant que concepts?
Q3 : Comment un système collectif symbolique et affectif fondé sur la quantité et seulement sur la quantité des mots, des actions, des manifestations, c’est-à-dire au total, des représentations, peut-il garantir un espace symbolique durable?
Q4 : Pourquoi notre système actuel dépend-t-il entièrement d’une production quantitativement croissante de représentations? Que faut-il changer pour créer une économie symbolique durable?
***
Aujourd’hui on demande pourquoi travailler ses idées si on peut faire travailler les idées des institutions culturelles dominantes pour soi! (Sans entamer ici une critique de la fonction travaillante du concept de travail en soi!)
Une économie symbolique stable aurait besoin d’une quantité d’idées qui puisse rester stable mais varier qualitativement.
L’intérêt
intellectuel pour les savoirs dominants agrandit la puissance des producteurs
de pensée convenue.
Que la valeur symbolique vienne de la nature (Sade), de la loi (Kant), ou d’un
besoin de reconnaissance (Hegel), les producteurs de biens symboliques vont
s’accaparer la totalité de l’autorité. Et après toutes les dépressions, les
suicides, les angoisses générées par leur paranoïa, ils seront détenteurs de
toute l’autorité imaginable.
Une institution publique reconnaitrait universellement la vie psychique des
citoyens, et respecterait complètement leur liberté.
Dans une société d’économie symbolique libre, le coût symbolique de fonctionnement du système est couvert une cotisation consentie et comprise, et non pas par un désintéressement intéressé (au sens de Bourdieu).
Pour créer une économie symbolique sans rapports de domination symbolique inconditionnels, il suffirait que le gouvernement s’investisse dans l’action culturelle même très abstraite et générale. Cet investissement ne serait pas de la valeur représentative, mais de la valeur symbolique expressive libre.
Si cette nouvelle pratique culturelle devait être utilisée et exploitée par les groupes de pression symbolique privés (et entre autres par les media), il ne pourrait pas donner lieu à l’enflure narcissique typique de ceux-ci. Et si cela devait cependant se produire, deux interventions de l’état seraient alors possibles :
- L’ENFLURE narcissique institutionnelle équivaut en fait à un « prélèvement forfaiture » sur les idées des acteurs sociaux. Que la valeur d’une idée perde dans l’institution tant de degré par rapport au sens pratique qui l’a rendue possible, notre pouvoir d’idéation et notre faculté de comprendre reste les mêmes. Vue de cette manière, l’enflure institutionnelle pourrait garantir le respect du aux institutions Républicaines à condition de rester limitée et d’être utilisée à bon escient. Le gouvernement pourrait aussi choisir de lutter contre sa propre enflure en accusant réception de la reconnaissance populaire, et en oubliant cette reconnaissance, réduisant ainsi la dépendance affective des sujets à son égard pour restaurer leur liberté.
- Pour maintenir le niveau suffisant de représentation de l’autorité de la République, c’est-à-dire l’amour de transfert adressé à la Nation, il suffirait que le gouvernement s’intéresse davantage aux habitants du pays qu’à sa propre enflure narcissique.
- Sans la concurrence des média, du foot, des jeux du cirque, des universités, des journalistes, et des instituts de sondages, les gouvernements auraient le contrôle des investissements affectifs de la nation, le public saurait donc qui blâmer si les choses allaient mal. Les gouvernements prendraient le pouvoir ou perdraient le pouvoir en fonction de leur capacité à maintenir la valeur symbolique. Il n’y aurait plus de culpabilité nationale si le gouvernement créait uniquement l’amour dont il a besoin. Notre servitude collective et perpétuelle envers les media à cause de la dette gouvernementale patriotique délirante, prendrait fin.
On nous a trompés, ce qu’on appelle « démocratie » et « liberté » est devenu une forme ingénieuse, de dictature symbolique. Aussi longtemps que notre société dépendra du goût fasciste pour les media et l’autorité pour son apport d’amour, les politiques de la représentation continueront de décider qui reçoit de l’amour, ou pas.
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