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Performence et pertinence, deux mamelles de la permanence de l'état. |
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« Ad
naturam substantiæ pertinet existere. » Riche
de tous ces attributs, l’homme (ou la femme) blanc(he) dynamique, moral(e), et
ayant le moral, se doit aussi pour maintenir ce dernier, de remplir les
conditions de sa reconnaissance par les institutions, et en particulier celles
de la République, garantissant la pertinence de ses actions plus encore que
celles de ses pensées. Actions au sens de Spinoza tout autant qu’à celui du
Crédit Lyonnais. Il
y a d’ailleurs tout une littérature officielle au principe de cette garantie. Laissons
donc là ceux qui ont besoin de prouver combien l’institution doit avoir besoin
d’eux. Interrogeons
nous plutôt sur la vertu informative de ces concepts dans le champ social et
politique qui fait le terreau de nos subjectivités bien souvent ravagées par
ces même concepts. Là
encore (comme pour « travail », « famille »,
« patrie », « vérité », « amour »,
« savoir », « pouvoir », et encore une bonne petite bande
de « concepts »), il s’agit d’un concept de la classe particulière
des concepts qui enjoignent leurs récepteurs de remplir les conditions qu’ils
désignent. Je n’ai pas trouvé de formule plus simple en dehors peut-être du
terme kantien de « principe ». Je me suis toujours demandé ce qu’en
pensent les philosophes. Comme
« compétence(s) », les termes de « performance » et de
« pertinence » désignent des concepts qu’il n’est pas question que le
récepteur n’envisage pas comme nécessités transcendantales, « apodictiques »,
dans sa propre existence, dans sa propre attitude, dans son propre
comportement. Il
y a donc avec ces mots un exercice directif de la langue, ce que Deleuze et
Guattari ont appelé fonction du « mot d’ordre », un commandement à
être comme ceci ou comme cela, à faire ceci ou cela, à penser comme ceci ou
comme cela. En
définitive la difficulté avec ces fonctions du langage consiste tout autant à
penser le statu des mots qui n’exercent pas cette fonction. Le terme de
« concept » tel qu’il est usité par Kant semble présenter la garantie
de cette sorte d’innocence native, ou de neutralité un peu suisse, qui pourrait
laisser penser qu’on peut s’y prendre avec les concepts comme avec les outils
du bricoleur, dans l’autonomie et dans la liberté. C’est sans doute à cette
charnière que la table des catégories est à distinguer de la table des
jugements ou des principes. Mais
tout cela est depuis longtemps passé de mode dans les usages et la pensée du
monde politique. Les
maîtres concepts sont devenus la pertinence de la performance. Ils
n’ont de neutralité que leur coté « technique » pour ne pas dire
« technologique ». Ils
sont ce par quoi on évalue une pratique, une personne, une pensée, une
institution, etc. Ils
sont ce qui permet de légitimer l’ « évaluation » à la place du
« jugement », jugé trop protestant ou trop puritain par des
institutions qui se défendent de toute morale religieuses trop immédiate et de
traitement « pastoral » des âmes. Il
est vrai que le kantisme nous avait laissé sur un sentiment de respect de
l’autre dans les cadres d’une religion pas tout à fait émancipé de ses tutelles
d’église, et que présenter des « outils » performant et pertinents
pour définir la valeur des êtres en dehors de ses « a priori »,
semble donner aux positions pragmatique et empiriques une petite couleur de
liberté libérale qui peut plaire aux commerçants du concept que sont devenus
tendanciellement les représentants élus du peuple (je ne dit pas du peuple élu
bien qu’il soit aussi lui aussi un peu dans le coup de cette affaire de la
chasse aux sorcières d’un jugement devenu un peu trop « catholique »,
ou plutôt protestant, voire piétiste). Mais c’est avant tout le continent américain qui nous oriente (il
faudrait dire nous « occidente ») vers cette tendance aux cultes chez
nous prétendus laïcs de la pertinence et de la performance. Il trouve
d’ailleurs dans la vieille Europe sous ce titre de la laïcité et même depuis la
bonne pensée d’une certaine gauche qui a su adapter son piétisme laïc aux
conditions du marché, des appuis non négligeable pour son efficacité (je ne dis
pas sa pertinence ou sa performance) dans nos propres institutions. L’un
des maitre-outils de cette nouvelle Héloïse du monde politique est l’usage
inconditionnel et tous azimuts de la statistique. Les
statistiques nous disent tout : ce que nous sommes, combien nous le
sommes, combien nous pourrions ne pas l’être, combien nous allons vivre, quels
seront nos désirs demain, qui va gagner le jackpot. Elles sont bien sûr le
fruit expérimental substantifique sur le terrain de la belle science
mathématique que sont les probabilités, et qui nous ont tant appris sur le
monde, sur nous mêmes, sur la pensée, et même sur l’au-delà. Il
serait possible que la statistique traduise parfois les moyennes pondérées du
désir des statisticiens, mais cela constituerait alors l’expression d’un biais
méthodologique du à un manque de performance ou de pertinence de ces derniers. |
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