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De ce à quoi peut donc bien servir la psychanalyse. Logique subjective

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« La psychanalyse nest une science quen devenir » Jean Piaget

Je cite cette phrase non pas pour dire que je suis d’accord avec Piaget
mais pour montrer comment la question peut-être amenée à se formuler,
les nécessités sociologiques du renvoi d’ascenseur aidant.

l est vrai que c'est une question qui a mis longtemps à être soutenable dans le monde "intellectuel", quasiment jusqu’à Onfray: la psychanalyse, à quoi ça sert?
Question d’enfant à son « papa » ou à sa « maman ».
Question œdipienne au double sens du terme.
Une chose est certaine : la psychanalyse ne sert à rien pour l’exercice de la psychiatrie.
Ca ne calme pas l’angoisse, ça ne réduit pas le délire, ça n’est d’aucun intérêt dans la dépression.
Voilà donc posé un cadre qui peut paraître pessimiste et qui donnerait de l’eau au moulin de ses détracteurs .
Cela signifie-t-il que la psychanalyse soit un objet du monde sans intérêt et à stocker définitivement dans quelque poubelle conceptuelle?
A mon sens peut-être une partie du monde analytique ou de ce qu’il en reste mérite ce destin : C’est la puissante caste associative démocrate-bourgeoise des grandes capitales du monde du vingtième siècle qui a constitué patiemment une tentative de maîtrise sectaire et ésotérique de gouvernement des âmes sous différents types de régimes politiques aussi différents que la République laïque franchouillarde néo pétainiste, le consortium fédéral protestant puritain nord américain, ou les totalitarismes sud américains du milieu de siècle. Je voudrai ne pas me tromper en postulant que ce soit là la partie la plus mourante de la vaste institution de contrôle moral qu’on voulu les héritiers les plus réactionnaires de Freud, qui l’était déjà lui-même au-delà de toute limite raisonnable, il faut le concéder à Onfray.
Cela dit ça n’empêche en aucun cas de reconnaitre le génie des idées freudiennes et les vertus politiques au moins potentielles d’une  psychanalyse « en extension », disait-on il y a quelques lustres, en tant que moyen de développement de l’idée démocratique, c’est sans doute là que je peux surprendre.

 l’articulation des ces deux options ou opinions peu conciliables, il se trouve bien-sûr tapi dans l’ombre, le problème épineux de la « formation » et de la « transmission » du savoir faire « analytique » et bien-sûr, Dieu n’est jamais loin, des savoir purs qui lui correspondent.
Lacan avait sonné le tocsin de cette problématique en déclarant que « l’analyste s’autorise de lui-même » ce qui constitue une preuve ontologique de son désir de démocratie, mais qui n’a jamais été regardé par ses émules comme une prise de position politique.
C’est peut-être cette position de « démocrate de droite » qui a conféré à Lacan ce goût pour la philosophie de Sade au-delà de la critique kantienne des conditions possibles d’une « analyse » du sujet par un sujet.
Plus que jamais dans ce bazar de la psychanalyse en intention, le problème politique intégralement posé par la psychanalyse depuis Freud lui-même (« Gouverner, éduquer, psychanalyser ») soulève la question d’une antinomie de la démocratie comme concept et de l’élitisme comme affect, « amour du savoir », paraphrase du « transfert ».
C’est l’antinomie idéalisme-matérialisme qui est arrivée jusqu’ici presque sans changement.
Freud est un indécrottable platonicien qui croit aux vertus transcendantales de sa petite machine dialectique de direction des consciences (je ne dis donc pas « et des inconscients »), et qui pour un théoricien du principe de plaisir, nous fait le coup de l’école de vertu qui à littéralement médusé son entourage disciplinaire.
Derrière lui, Lacan est sans aucun doute beaucoup plus démocrate bien que tout aussi indécrottablement fasciné par le jeu pervers de l’élitisme intellectuel.

t au fond je remercie Michel Onfray de m’avoir fait sentir et de me faire encore régulièrement sentir à l’heure où j’écris ces lignes, ces phénomènes historiques et peut-être pour partie transcendantaux, d’oppositions, non pas tant par son brulot sur Freud qui m’a beaucoup fait rire mais qui comporte des outrances, que par son extraordinaire cours de philosophie à Caen, véritable enseignement au sens démocratique tout droit issu du Péloponnèse pré chrétien, cette préséance n’altérant en rien les vertus tout aussi démocratiques que je peux reconnaître personnellement à l’enseignement initial du Christ.
Je ratisse peut-être un peu large mais ça me permet de situer le problème et de me situer dans le problème, ce qui est peut-être paranoïaque-narcissique mais pas forcément inutile pour la compréhension du propos.
Un épicentre de cette problématique me semble se situer à l’endroit où Lacan décide de condamner la science comme méthode de connaissance du sujet, et qui reste aujourd’hui, bien que presqu’universellement refoulé (le concept freudien garde toute sa fraicheur!), un point sensible de la « modernité », et peut-être celui où les « postmodernes » ont élu leur actuel domicile.
Mais au fond, dans le monde économique « développé » d’aujourd’hui,  l’entourloupette du discours scientifique est moins condamnée que contournée, et les grandeurs que Lacan avait pu projeter sur son miroir, sont du coup reléguées au placard des curiosités.
Cela signifie-t-il que la psychanalyse en acte ou qu’une psychanalyse « de terrain » soit inconcevable ou inopérante dans une optique utilitariste? Pour moi rien n’est moins sûr. Ce n’est certes pas la psychanalyse existentielle « sartrienne » fantasmée par Onfray qui n’a jamais pu ou ne pourra jamais, produire quelque condition que ce soit d’émancipation des acteurs sociaux de la base dont je réalise un prototype. Mais rien n’autorise non plus à affirmer qu’il ne circule pas dans le champ social des pratiques psy,  une nappe souterraine d’acteurs sociaux conscients des paradoxes politiques de l’inconscient, et porteurs, en rapport dialectiques avec les objets de Freud et de Lacan, de puissances d’analyse au sens kantien qui soient capable de favoriser des mutations de sociétés favorables à l’idée de liberté et à la liberté des idées. Et ici on est loin de l’aristocratie platonicienne, mais on n’est pas non plus dans le domaine du spectacle et de la publicité.

ela dit, comme les mormons et les témoins de Jéhovah, la psychanalyse a toujours fait son marché selon la méthode de la discrétion et du porte à porte. Que faut-il attendre aujourd’hui de ce prosélytisme sectaire dans une  optique de démocratie? Certainement assez peu de choses car on sait bien  que l’amour des aristocraties reste le moteur  premier de l’occident capitalistique.
Contrairement au fantasme marxiste de foules intéressées à la démocratie comme concept et comme objet, on est confronté par le réel social et historique à un « état de choses » totalement paradoxal qui explique l’occident positif dans une topologie torturée, et qui veut que la démocratie ne puisse être l’objet que du désir d’une minorité discrète (ce qui n’est pas la définition d’une élite).
L’opposition idéalisme matérialisme renvoie aussi comme Onfray l’explique très bien, au problème chrétien de la haine du corps. Cela dit, on ne peut pas affirmer que cela ait constitué la méthode de Platon.
Mais la haine « platonicienne » du corps n’a rien à voir avec celle des chrétiens. Platon n’était-il pas un athlète?
Cette haine du corps dont on sent tout le poids dans l’occident positif a une histoire complexe et paradoxale.
L’idéalisme grec ancien ne comporte aucune dimension de masochisme, aucun commandement d’humilité, aucun désir de soumission. Le citoyen libre et mâle est doté d’un esprit et d’une âme distincts, mais se doit d’accorder à son corps une estime qui n’est plus concevable pour nos cités, autrement que fardée des expédients des sports narcissiques de représentation aves la légère féminisation qui les agrémente : Body, juste au corps, tailles moulantes, matières cutanées, couleurs vives.
L’aire chrétienne mais sans doute aussi le monde juif nous réservent des attitudes bien différentes :
La souffrance du corps est susceptible de plaire à Dieu et de l’honorer, ce qui est une invention monothéiste et révolutionnaire.
Le corps devient effectivement à partir de là et pour une période dont nous ne sommes pas sortis, un exutoire et un objet expiatoire qui permet d’acheter sinon son paradis, du moins une place ici bas pas trop inconvenante.
La psychanalyse a incontestablement fait son lit et son divan  sur ce terrain là, qui consiste à faire dormir le corps. Elle le fait dormir en lui demandant de raconter une histoire. C’est en quoi elle se considère comme une démarche de responsabilisation. Ce qui marche assez bien. Pour les affaires.

a psychanalyse borde l’être à son entrée dans le sommeil et dans le rêve. Voilà son utilité. Elle lui permet de dormir tranquille. C’est déjà pas mal.
Mais cela ne donne pas beaucoup d’assise pour penser le monde politique.
Elle réalise une sorte de guidance dans la constitution du rapport qu’entretien l’être avec son habitus infantile. C’est sûrement une bonne chose. Elle s’occupe du privé et de l’intime de ce qui touche à l’enfance : bon complément de l’éducation.
Il reste que pour la question de gouverner, elle s’en remet à l’autorité du père, du S1, du Phallus, de la patrie, dont elle a donné avec Lacan quelques formules.
Il y a à cet endroit une certaine amphibologie entre les places du maître, du savoir, et de l’analyste. Seul(e) l’hystérique à la limite, se tient tranquille dans cette histoire.
Au fond comme complément privé du pédagogue, le psychanalyste a toute sa place dans la République éducative (il est d’ailleurs très présent dans l’éducation nationale).

Mais à l’étage de la politique on se demande vraiment en quoi consiste sa fonction :
normaliser?

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