u début étaient les longues attentes
anthropologiques de nourriture, corrélées à l’activité de cueillette et de
chasse, de pèche, et de tradition guerrière. L’angoisse était dans l’attente,
la joie était dans l’action. Tout était maladie et rien ne l’était. A quoi donc
aurait servi le statu d’anormal quand tout était aléatoire et corrélé au seul
fait de nature?
Puis les civilisations du bassin
méditerranéen, entre autres peut-être, ont lentement mis en exergue dans leurs
connaissances médicales des comportements quotidiens, les états de frénésie et
de léthargie, délires souvent accompagnés de fièvre. Rage, délirium, coma
fébriles, mais aussi les comas hypothermiques pour la léthargie.
Ensuite, on peut imaginer dans ce feuilleton des origines de la pensée
positive psychiatrique, l’apparition avec la dialectique «matérialisme-idéalisme»,
de la description des troubles de l’humeur de base qui contribuent avec les
précédents à représenter les maladies mentales aigues : Manie et
mélancolie, les délires sans fièvre, ont été individualisés par les médecins
philosophes grecs dont Hippocrate, mais aussi Aristote, médecin malgré lui.
On constitue ainsi le cœur de la machine
critique que je propose et qu’on présentera initialement dans un losange :
|
Mélancolie
|
|
Léthargie
|
|
Frénésie
|
|
Manie
|
|
Ensuite ou quasiment en même temps vient le
model des explications psychopathologiques pythagoriciennes,
des
« éléments » avec Empédocle, et correspondant aussi aux saisons.
Parallèlement dans le Timée, Platon
décrivait ces quatre éléments en fonction de formes géométriques simples,
lesquels
sont à mettre en comparaison (qui n’est pas raison)
avec la théorie des humeurs
élaborée par Hippocrate d’après cette vision de ses contemporains
(ma
présentation géométrique reste toujours bien entendu à la fois arbitraire et
déterminante pour la suite) :
|
Air (formes octaédriques) Automne A Bile Noire
|
|
Eau (formes icosaédriques) Hivers v Lymphe
|
|
Feu (formes tétraédriques) Été ^ Sang
|
|
Terre (formes cubiques) Printemps V Bile Jaune
|
|
Puis, ou sans doute dans le même temps,
viennent s’intriquer les « qualités élémentaires » d’Aristote dans
une correspondance qui peut nous paraître arbitraire mais qui organise encore
au moins par « tradition » le discours et donc la pensée
(d’occident).
Froid
|
Air froid et sec
|
Sec
|
Eau humide et froide
|
|
Feu chaud et sec
|
Humide
|
Terre humide et chaude
|
Chaud
|
uatre éléments
ou quatre humeurs corrélées à
quatre qualités selon des
correspondances contestables et mais globalement figées dans l’histoire de la
médecine et de la philosophie, et qui permettent de penser pour la première
fois de façon relativement universelle, les concepts de l’occident et de
sa nature.
Il y manque encore les « tempéraments » pour
démarrer vraiment une « psychologie » (occidentale).
Naissance de la psyché, naissance du
psychisme, naissance bientôt de la psychologie. Ils existent dans l’antiquité,
mais sont surtout développés à la renaissance:
|
MELANCOLIE DE
L’ATRABILAIRE A SANG
LOURD
|
|
LETHARGIE DU
PHLEGMATIQUE
A SANG FROID
|
|
FRENESIE DU
SANGUIN COLERIQUE
A SANG CHAUD
|
|
MANIE DU
BILIEUX AU SANG
LEGER
|
|
Aristote avait dans le même temps mais sans
proposer par contre les correspondances que j’avance ici, dégagées avec ses
types de causalités, efficiente, formelle, matérielle, finale, quatre type de
prédicat : du propre, du genre, de la substance, de l’accident.
Enfin, et je me demande dans quel ordre
toutes ces idées de classement lui sont venues, il a proposé sans classement un
début de « RHAPSODIE » pour des catégories donc Kant ne retiendra définitivement
comme telles que les quatre premières : Qualité, Quantité, Modalité,
Relation.
Je propose donc de les présenter dans une
quadrature qui est distincte de celle de Kant géométriquement, mais qui en
respecte le nombre et l’identité (ou la nature).
Froid MODALITE causes FORMELLES du PROPRE
|
Air A Automne Bile Noire
|
Sec QUANTITE Causes FINALES du GENRE
|
Eau v Hivers
Lymphe
|
Temporalité en sens inverse des aiguilles
d’une montre
|
Feu
^ Été Sang
|
Humide QUALITE Causes MATERIELLES de la SUBSTANCE
|
Terre V Printemps Bile Jaune
|
Chaud RELATION Causes EFFICIENTES de l’ACCIDENT
|
Une fois organisée dans l’antiquité et à la
renaissance cette « structure » du rapport des
« tempéraments », c’est-à-dire d’états chroniques et
« définitionnels » ou « identifiants » de la
disposition corporelle, et des pathologies mentales aiguës, il faudra la
renaissance et une longue maturation de la « raison » psychologique
pour parvenir à définir les « personnalités »
qui étaient pourtant en germe dans le model hellénistique:
parcourons d’un seul
trait tout ce chemin :
L’obsédé
se préoccupe du propre.
|
Le paranoïaque
se préoccupe du genre.
|
Le schizo
se préoccupe de la substance.
|
L’hystérique
se préoccupe de l’accident.
|
Mais ces catégories de la « personnalité », dont
l’émergence a globalement été rendue possible par la Révolution Française, même
si l’Hystérie avait été décrite depuis bien longtemps en tant que pathologie
aigue, mais quasiment extérieure à la médecine puisqu’elle concernait les
femmes, donc à l'époque il faut bien le dire, une sorte de médecine vétérinaire (!), sont très
« récentes » dans l’histoire de l’occident. Et on comprendra que le
concept d’ « hystérie » ici disposé recouvre un type de
« personnalité » donc d’état chronique et durable attaché à l’être,
ou du moins auquel il est lui-même attaché. (C’est le concept freudien
d’hystérie qui concerne aussi bien les femmes que les hommes)

u moment même où s’individualisent ces
conceptions de la « personne » du citoyen malade ou en bonne santé,
ou même en avance sur cette évolution, la tradition littéraire et juridique a
dégagé au moins quatre types de « perversions »
parfaitement repérable sur cette structure carrée. Plaçons-les sur notre
« classification » des maladies mentales :
Voyeurisme
|
|
|
|
|
|
Sadisme
|
|
Obsession
|
|
|
|
Paranoïa
|
|
|
|
|
Mélancolie
|
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|
|
Léthargie
|
|
Frénésie
|
|
|
|
|
|
Manie
|
|
|
|
|
Schizophrénie
|
|
|
|
Hystérie
|
|
Masochisme
|
|
|
|
|
|
Exhibitionnisme
|
Je
dispose ici ces concepts dans un tableau à plusieurs couches
concentriques qui
représentent la sédimentation en fonction des différentes époques
« historiques » de l’occident positif psychopathologique. On
voit donc apparaître des classes concentriques de pathologies, plus
anciennes pour les pathologies "aigües", "récentes" pour les maladies
psychiatriques "chroniques", à peine plus récentes encore pour les
"perversions" caractérisées.
Il manque bien sûr à cette
panoplie le
fétichisme qui est à répartir sur la totalité du tableau puisqu’il
représente
le péché mignon de la représentation capitalistique et participe en
tant qu’addiction
de tous les systèmes existentiels présentés ici. Je l'ai placé ici en
fin de compte en regard de l'idée fixe ce qui peut être jugé arbitraire
et qui se discute (comme le reste...).
Une fois donc posé ce cadre à
la fois très "classique" bien qu'inexistant dans la littérature ,
on est tenté de compléter les cases vides,
extérieures notamment, par des types de perversions précisément plus proches
du corps et donc des systèmes addictifs, ou plus proches des systèmes collectifs de fonctionnement mentaux (ritomytholohie) :
Voyeurisme
|
|
|
Anorexie et addict abstr
|
|
|
Sadisme
|
|
Obsession
|
|
Idéalisme acétique
|
|
Paranoïa
|
|
|
|
|
Mélancolie
|
|
|
|
Ritomanie
|
Lympatique
|
Léthargie
|
|
Frénésie
|
Sanguin
|
Mythomanie
|
|
|
|
Manie
|
|
|
|
|
Schizophrénie
|
|
Matérialisme bilieux
|
|
Hystérie
|
|
Masochisme
|
|
|
Boulimie et addict concr
|
|
|
Exhibitionnisme
|
De
fait on remarquera le caractère plus volontiers « corporel » ou
« neurologique » ou
« intériorisé » des milieux des côtés du cadre (tempéraments), à opposer
cycliquement au caractère plus « mental » et psychologique ou
« extérieur » des
angles (personnalités).
On s’étonnera que je classe la mythomanie
habituellement conçue comme une psychose, à cet endroit et non comme partie
intégrante de la paranoïa comme le voudrait l’académisme psychiatrique :
c’est que je pense que les mythomanies (et les « mythophilies »)
réalisent toujours de véritables perversions, confondant le déni et le
mensonge, le refoulement et l’expression politique, le récit et la fascination
dans un exercice du pouvoir de la représentation toujours au service du
narcissisme.
En opposition diamétrale et donc en regard
de ce repère j’ai produit sous le titre d’un néologisme « ritomanie »
une position structurelle et pathologique non décrite dans les manuels et non
commentée par l’histoire (la seule dans mon clavier des intempérances) :
elle correspond à ce que Nietzsche aurait pu appeler la maladie des prêtres
mais concerne aussi bien des fonctionnaires, des enseignants, des médecins, des
policiers, des juges, des représentants politiques : c’est l’exacerbation
du rite et de la programmation rituelle de tous les faits de société.

n point important de l’histoire globale
des concepts de psychonévroses chroniques est réalisé par la constatation et
l’honnêteté intellectuelle d’un psychiatre français bien oublié en la personne
d’Henri Collomb qui a publié
dans les années 60 des travaux mentionnant l’absence de toute psychonévrose
chronique en isolat culturel africain, c’est-à-dire en l’absence de phénomènes
d’acculturation. Cela nous donne à penser et laisse rêveur sur le développement
et la place prise dans la recherche « moderne » en psychiatrie sur
les cause physiques et chimiques des dites pathologies. Les choses se
« rationalisent » en régime libéral-pragmatique par le fait de la
« dépersonnalisation » des pathologies (position marginale des
perversions et des personnalités).
Avant
l’effondrement de toute velléité de classement structurel par le pragmatisme
anglo-saxon et son commandement d’abandonner toute réflexion sur ces thèmes
(qui est probablement actuellement à son apogée), la tentative de formulation
du rapport des pathologies mentales la plus aboutie à ce jour, avait été
réalisé par le freudisme, n’en déplaise à Michel Onfray. Puis d’une façon plus
aboutie une représentation en fut proposée par l’école lyonnaise de Jean
Bergeret (Psychoses, Névroses, États limites). (Voir planche en bas de page).
n comprendra alors assez bien l’ECARTELEMENT
TOPOLOGIQUE de cette division sur le « plan de consistance » de la
subjectivité que je cherche ici à illustrer. Mon dispositif présente sur le
triptyque psychanalytique l’avantage de distinguer topologiquement et
conceptuellement les deux mondes relativement inconciliables et
incompossibles des perversions et des états de souffrance psychiques :
on ne peut pas souffrir et jouir en même temps et dans le même voisinage
topologique. Et il est intéressant de présenter les perversions dans un espace
« libre » et non limité si ce n’est par l’infini, et de situer les
états de douleur dans un « trou » topologique et métaphorique,
susceptibles les unes et les autres de se rejoindre de l’autre côté du miroir
ou du rideau, derrière les coulisses, dans les espaces de l’invisible ou de
l’irreprésentable.
Dans l’idée guattarienne d’une
« diagramatisation machinique » des procédures de jugement clinique
et diagnostic, psychologiques et psychiatriques, et même psychanalytiques, je
me suis amusé depuis 1996, à compléter ce tableau avec les concepts courant de
la psychiatrie européenne
(Pas ceux du DSM à vrai dire).
Cela donne ce tableau dont je me propose de
remettre à jour les quatre-vingts une définitions et commentaires déjà disposés
dans mon texte de 2002 sur le site.
Voyure
|
Collectio
|
Psy-rigid
|
Anorexie
|
Idéalisme
|
Add abstr
|
Interpret
|
Procédure
|
Sadisme
|
Evitmnt
|
Obsession
|
Mentisme
|
Doutes
|
ascétique
|
Sensitif
|
Persécut
|
Paranoïa
|
Revendic
|
Fétiche
|
Idée Fixe
|
Contraphb
|
TOCs
|
Dépressio
|
Intuition
|
Paraphrèn
|
Erotoman
|
Psychopat
|
Dependce
|
Psychasth
|
Tics
|
Automat
|
Mélancol
|
BDA
|
PHC
|
Jalousie
|
Enthousia
|
Ritomn
|
Lymphat
|
Apragma
|
Léthargie
|
|
Frénésie
|
Hypochdr
|
Sanguin
|
Mythomn
|
Détachmt
|
Athymor
|
Dysmorph
|
Deperso
|
Manie
|
Panique
|
Instab
|
Histrion
|
Rational
|
Contempl
|
Hébéphrn
|
Paranoïd
|
Influence
|
Hypoman
|
Incontin
|
Phobies
|
Pithiatis
|
Mysticism
|
Indiff
|
Schizophr
|
Cataton
|
Discord
|
Bilieux
|
Simul
|
conversio
|
Hystérie
|
Théâtral
|
Masoch
|
Ordalie
|
Abandon
|
Add sbst
|
Matérialis
|
Boulimie
|
Maniérism
|
Ganser
|
Exhib
|
avec
Rouge :
|
Délire, Angoisse, Dépression : C’est le
problème.
|
Orange :
|
Pathologies aigües en référence à l’antiquité.
|
Jaune :
|
Le fond de commerce de la psychiatrie du XIXème
siècle.
|
Bleu :
|
Les tempéraments (côtés) et les personnalités
(angles).
|
Vert :
|
Le fond de commerce de la psychiatrie du XXème
siècle.
|
Rose Violet :
|
Les perversions telles qu’elles ont été conçues depuis
Esquirol.
|
Blanc :
|
Les modalités d’expression bien vues au XXIème
siècle.
|
Ce schéma d’ensemble sera à considérer dans
l’exacte topologie avancée par Félix Guattari dans « Cartographie
schizo-analytique » avec:
En bas les espaces plans de la territorialisation et
En haut, les
espaces plans de la déterritorialisation.
A droite, la
droite, et les procédures d’érotisation des mythes
A gauche, la
gauche, et les procédures de ritualisation.
Rappel :
Jean Bergeret :
Psychologie pathologique chez Masson 1972
|
Tableau de l’évolution des modes d’organisation.
|
NEVROSES
|
Tronc commun aménagé des « états limites ».
|
PSYCHOSES
|
Enfance
|
Indifférenciation somato-psychique
|
Évolution normale.
|
Évolution normale.
|
LIMITATION précoce du moi.
|
Évolution normale.
|
TRAUMATISME
désorganisateur précoce.
|
Moi psychotique organisé.
|
CONFLIT Oedipien
|
Pseudo-latence précoce
|
Moi névrotique préorganisé.
|
Latence
|
Latence
|
Latence
|
Adolescence
|
Moi névrotique organisé.>>>
|
Aménagements pervers>>>
|
<<<Moi psychotique organisé.
|
<<<Aménagements caractériels.
|
Maturité
|
|
Pseudo-latence tardive.
|
|
Névrose
|
TRAUMATISME désorganisateur
tardif.
|
Psychose
|
<<<Accès aigu d’angoisse>>>
|
|
REGRESSION psychosomatique.
|
|